Lorgues

 

RAPPEL DE QUELQUES ELEMENTS RELATIFS A LA FABRICATION DE LA CHAUX.

·Pour bien comprendre les mérites et les déboires de M. FRUTTO, il est indispensable de savoir l'énorme tâche que représente l'élaboration de la chaux.

·La chaux est obtenue par la calcination du calcaire, à l'état naturel dans notre région, à une temperature de 950°. En liberant du gaz carbonique, le calcaire devient chaux vive d'une manipulation difficile.

·La pierre à calciner même ramassée à proximité devait être préalablement concassée puis transportée jusqu'au sommet du four.

·Nous avons vu que la capacité utile du four était de l'ordre de 15m3 soit 20 tonnes de pierres. Cela nécessitait environ 30 stères de bois de corde et près de 500 fagots de branchages fins. D'où aussi des problèmes d'approvisionnement et de transport.

·La combustion durait environ lOO heures pendant lesquelles il fallait charger et surveiller le foyer pour stabiliser la temperature.

·La mise en oeuvre était complexe : fabrication de la voute supportant les pierres ou mise en place des pierres même si le four disposait d'une grille.

·Une fournée délivrait en théorie 10 tonnes de chaux vive, mais en réalite beaucoup moins, car toutes les pierres n'étaient pas également calcinées. Estimons à 7 tonnes de bonne chaux vive le rendement. Etait -ce suffisant pour couvrir les frais de personnel, de transport... De nos jours certes non !

·Il ne faut pas perdre de vue l'investissement important que constitue le four ainsi que son entretien.

·M. FRUTTO n'était cependant pas propriétaire du terrain. II n'a pas été possible de retrouver d'écrits confirmant un bail, une concession entre le proprietaire et M. FRUTTO. A l'époque encore, la parole suffisait souvent, mais sans doute y avait-il une redevance en nature qui s'ajoutait aux charges.

·Il nous a été confirmé par un forestier que l'alimentation en bois ne posait pas problème. A cette époque, la forêt était coupée à 30 ans. Il était fabriqué des milliers de fascines de bois de pin, pour les fours à tomettes, pour les boulangers et les fours à chaux. Bois de mine et charbon de bois étaient d'usage courant. Des anciens se souviennent même que l'on cultivait la foret brulée aprés coupe et que le blé semé apres simple grattage était magnifique. Les années 50 furent la fin de toutes ces pratiques.
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·Nous sommes dans les années d'apres guerre en 1950. A Lorgues, l'on a encore en mémoire et l'on pratique encore la fabrication des tomettes pour lesquelles la cuisson s'identifie à la fabrication de la chaux : température voisine (1000°), chargement des fours en combustible (alimentation en fagots pendant plusieurs jours, exploitation des coupes de bois de pins à 30 ans ...), personnel compétent pour le chauffage des fours (chauffeurs)... L'entreprise n'est donc pas impossible pour un homme d'origine piémontaise ou ces fours sont courants. Cependant, tout comme l'industrie artisanale des tomettes touche à sa fin (coût de la main-d'oeuvre, pas assez de mécanisation...), celle de la chaux artisanale se heurte à la concurrence industrielle des fabricants de ciments et chaux, notamment la CHAUX de PROVENCE, CHAUX BALTHALARD et COTTE... L'entreprise est vouée à la faillite malgré une gestion serrée.

Pourtant, nous devons à Mr. FRUTTO le seul four périodique de Lorgues, conservé en son état .../...

   

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