Lorgues
Saint-Louis de Gonzague
Le point de vue des Maristes Extraits des Annales Maristes Outre les "Annales des maisons", F. Avit a composé les "Annales de l'Institut" dans lesquelles il rapporte les faits concernant l'Institut comme tel, depuis la naissance du Fondateur, 1789, jusqu'en 1891. 1838. Demandes de fondations [347] De nombreuses demandes de nouvelles fondations étaient venues de tous côtés pendant son absence. Plusieurs étaient appuyés par Nos Seigneurs les évêques du Puy, de Grenoble, d'Autun et par l'archevêque d'Aix. [348] M. Auran, excellent chrétien et riche propriétaire du Var voulait aussi établir un noviciat à Lorgues: on le lui laissa espérer. [349] Les remplaçants du bon Père avaient refusé plusieurs des demandes ci-dessus et, faute de sujets disponibles, ils avaient demandé des délais pour les autres. [467] Dans le courant de l'automne, le P. Champagnat avait fait un voyage en Provence. Il s'était entendu avec M. Aurran pour la fondation d'un noviciat à Lorgues et lui avait envoyé le plan du bâtiment à construire. 1839. Face à des exigences trop fortes [ 538] M. Aurran insista pour que l'on fonda au plus tôt le noviciat de Lorgues. Le bon Père le félicita de son zèle et du bon emploi qu'il faisait de sa grosse fortune. Il ajouta qu'il n'avait pas encore l'autorisation nécessaire pour envoyer ses Frères en Provence, qu'il était en instance pour cela et qu'il espérait réussir sans trop de retard. Il conseillait à M. Aurran d'ouvrir son établissement sous le titre de pensionnat et sous le nom d'un Frère breveté qu'il devait lui envoyer, l'assurant que, sous ce titre, le noviciat ne serait point molesté. Il l'avertit en terminant qu'il le verrait avec plaisir confier sa bonne oeuvre à une autre congrégation. M. Aurran dépensait des sommes immenses pour faire le bien, mais il avait plus de zèle que de prudence. La plupart de ses bonnes oeuvres étaient mal basées et n'eurent pas de durée. Mgr. l'évêque de Fréjus disait en parlant de lui: "C'est un pieux écervelé!" [540] A M. Aurran, qui revint à la charge, le P. Champagnat écrivit ainsi le 20 novembre: [541] "Monsieur, Nous bénissons la Providence de la persévérance qu'elle vous donne dans vos pieux desseins. Puisque vous continuez à vouloir remettre votre oeuvre entre les mains des Frères Maristes, nous nous ferons un plaisir de concourir avec vous à l'instruction religieuse de vos chers provençaux. Malgré le grand nombre de demandes que nous avons à remplir, nous ne reviendrons pas sur la promesse qui vous a été faite. Nous viserons à vous préparer des Frères pour l'année 1840, soit pour les classes, soit pour le noviciat. Nous espérons que vous continuerez à faire les dispositions nécessaires et que par vos soins, soutenus de la protection de notre bonne Mère, cette entreprise réussira pour la gloire de Dieu et le salut des âmes." 1845. Lorgues: Frères de Vendée [65] Les Frères de la Vendée avaient accepté Lorgues que M. Aurran avait offert à notre pieux Fondateur. Ils y avaient un petit noviciat qui ne réussissait guère. De plus, ils avaient des écoles à Bargemont, aux Mées et à Montdragon. Trouvant ces postes trop éloignés, le C.F. Augustin, Supérieur général, nous les offrit avec ceux de ses Frères qui voudraient entrer dans notre Institut. Le C.F. Directeur général lui répondit en ces termes: [66] "M.T.C. Frère, Je ne vois aucune difficulté à accepter la proposition que vous me faites dans votre honorée lettre du 9 du courant. Je vous sais bon gré de la confiance que vous me témoignez en me remettant vos établissements de la Provence et surtout en me confiant ceux de vos sujets qui voudront bien s'attacher à notre Société. 1847. Les Frères de Provence [9] Les Frères des Mées n'avaient pas décampé l'année précédente comme leurs confrères de Bargemont, de Lorgues et de Montdragon, mais leur directeur, F. André, avait insisté auprès du F. supérieur pour en obtenir des remplaçants le plus tôt possible. On lui répondit ainsi, le 14 février:. 1851. Lorgues / M. Aurran [1] En acceptant nos Frères pour remplacer ceux de la Vendée à Lorgues, en 1846, M. Aurran avait demandé la création d'un pensionnat. Le C.F. Jean-Baptiste n'aimait pas ces maisons qui, disait-il, étaient des crève-Frères. Il avait donc temporisé, puis M. Aurran se fâchant, il avait fait des démarches auprès du maire de Lorgues. Celui-ci s'était opposé formellement à l'ouverture de ce pensionnat sous prétexte que la ville possédait un collège ecclésiastique où les parents trouvaient tout ce qu'ils pouvaient désirer. [2] Le F. Supérieur informa M. Aurran de cette opposition, le 5 janvier, et l'engagea à prendre des mesures pour forcer la ville à remplir les conditions assez mal stipulées qu'elle avait acceptées en recevant ladite maison et le bel enclos qui l'entourait. M. Aurran qui avait mal posé ses conditions en donnant cet immeuble ne gagna rien. 1852 . L'affaire de Lorgues [107] Voyant que l'on ne se pressait pas pour fonder un noviciat à Lorgues, M. Aurran, qui tergiversait souvent, s'adressa aux Frères de la Vendée. Ces Frères qui nous avaient priés d'accepter leurs postes de Provence en 1846, paraissaient les regretter et acceptaient les avances de M. Aurran. Celui-ci en avisa nos supérieurs. Le Frère Directeur général lui répondit que rien ne le portait à croire qu'il fût si pressé pour le noviciat et que la municipalité y avait mis des obstacles. Du reste, ajoutait-il, nous fondons autant de maisons dans votre département et nous y faisons autant de bien que s'il existait un noviciat à Lorgues. J'ai donné l'ordre au C.F. Jean-Marie d'aller l'ouvrir incessamment, et c... [108] Le C. Frère écrivit ensuite au F. Siméon, nouveau Supérieur des Frères dans la Vendée et lui exprima son étonnement sur la tournure que prenaient les choses à Lorgues. Nous ne consentons jamais, disait-il, à supplanter les autres congrégations et cela dans leur intérêt comme dans le nôtre. Si je n'ai pas encore fondé le noviciat que demande M. Aurran, c'est que j'avais promis celui de Mées à Mgr. de Digne, et c... [109] Quelques jours après, il écrivit encore au même en ces termes: "M.C. Frère, Je ne pensais pas avoir à vous écrire encore au sujet des affaires de Lorgues que je regardais comme terminées en votre faveur, mais votre honorée lettre du 4 courant me fait un devoir, dans votre intérêt, de vous donner quelques explications dont vous me saurez gré, j'en suis sûr. [110] D'abord, je dois vous déclarer que j'ai ignoré complètement les démarches que faisait M.Aurran depuis plus d'un an pour vous rappeler dans sa maison de Lorgues. Cela est si vrai que l'an passé, à cette époque, nous traitâmes avec lui pour y faire un pensionnat et un noviciat, s'il était possible. En février dernier, il nous a encore écrit pour le noviciat. A cette époque, comme nous avions arrêté celui des Mées, nous lui conseillâmes de mettre à sa maison de Lorgues un Institut secondaire dirigé par nos Pères, tout en y conservant nos Frères. On ne nous répondit pas. [111] M. ne nous a prévenu de son projet que le 12 du mois d'août dernier, encore ne l'eut-il sans doute pas fait sitôt si je ne lui en eusse donné l'occasion par une lettre que je fus obligé de lui écrire pour autre chose. Et en me prévenant de disposer de nos Frères, il ne me disait pas qui devait les remplacer. Je n'ai su que c'était vous que quand vos Frères ont paru dans le pays. [112] Les desseins de M. Aurran n'ont pas été secrets pour nous seuls. M. le curé et les autorités civiles de Lorgues ne savent pas encore que vos Frères doivent y retourner. Hier, ils m'ont écrit au sujet d'un déficit de traitement et me prient de vite envoyer un Frère pour ouvrir l'école. C'est moi, dans ma réponse, qui leur ai donné connaissance des desseins de M. Aurran et j'ignore s'ils entrent dans ses vues. Ceci, M.C. Frère, ne vous paraît-il pas étrange? [113] Une autre chose que je crois bon de vous déclarer, c'est le refus que j'ai fait à Mgr. de Digne de prendre la maison des Mées, quoique je lui eusse déjà fait une promesse formelle dès que j'ai su que vous prétendiez y avoir quelques droits. Une bonne personne de Marseille que je n'ai pas l'honneur de connaître, m'ayant écrit en mai dernier pour m'informer de cela, j'envoyai de suite cette lettre à Mgr. en lui disant: "Respectant les droits de chacun, je vous annonce, Mgr, que je ne puis accepter l'établissement des Mées." [114] Ces explications données, vous comprendrez, mon C. Frère, que je suis loin de vous disputer le poste des Mées dont vous venez de reprendre possession. Je désire que la divine Providence vous donne la main et vous mette dans le cas de vous établir dans une foule d'autres communes qui manquent de bons instituteurs. etc..." [115] Les Frères de Saint-Gabriel n'écoutèrent rien, renvoyèrent des Frères à Lorgues et à Dargemont d'où nous fûmes obligés de retirer les nôtres pour éviter un conflit scandaleux. |