Lorgues

 Extrait de: " Le Thoronet en son temps " . Paul Audibert. 5 éme édition. 1975

 

 "...l'histoire des démêlés qui ont empoisonné les relations de l' Abbaye du Thoronet et de la ville de Lorgues pendant le cours de plusieurs siècles. Nous allons les résumer ici car ils sont instructifs et bien caracteristiques :

L'acte de cession des droits féodaux relatifs à la bonne ville de Lorgues accordé par la cour royale de Provence à l' Abbaye du Thoronet était envisagé de façon diverse par les deux intéressés. L'Abbaye l'interprétait comme un passage de suzeraineté comportant de sa part l'obligation de céder un tiers des revenus à la cour royale. La ville de Lorgues soutenait que le roi n'avait pas cessé d'être son suzerain et qu'il avait seulement cédé à l' Abbaye les deux tiers des revenus des droits féodaux en reservant le tiers à son propre profit.

 Voici donc comment va se dérouler la suite des procés ultérieurs telles qu'elle ressort de l'ouvrage du docteur Cordouan : " Histoire de la Commune de Lorgues."
Aprés une longue série de doléances adressées par les habitants de Lorgues à la cour royale, celle-ci se décide à intervenir et négocie une transaction avec l' Abbaye du Thoronet en 1304 pour trancher la question de la suzeraineté. Aux termes de la transaction, la ville de Lorgues et son territoire appartiennent et appartiendront toujours au domaine royal. La cour royale abandonne à l'Abbaye les deux tiers de la juridiction des droits. Les officiers royaux sont nommés en commun par les parties contractantes et reçoivent leurs salaires, pour un tiers du roi et pour les deux tiers de l'Abbé. Le droit de cavalcade est partagé entre l' Abbé et le Roi. Les gens de la ville de Lorgues doivent cuire leur pain dans le four du monastère et moudre le grain dans ses moulins.

En 1332, l'Abbaye obtient du roi que soit imposé à la ville de Lorgues un droit d' albergue en sa faveur. La convention relative stipulait toutefois que l' Abbaye construirait à ses frais un chemin reliant la ville au monastère.
Mais l'Abbaye n'ayant jamais construit le chemin, la ville de Lorgues se refusa à payer les droits d' albergue. Un procés fut engagé par-devant le Parlement d'Aix où les choses trainèrent tellement en longueur que ville et monastère finirent par transiger de gré à gré en 1514 : Lorgues sera delivrée pour toujours des droits d' Albergue et de cavalcade mais l'Abbé obtient le droit de nommer le viguier de la ville deux fois en trois ans. Il le choisira sur une liste de six candidats.

Peu de temps après, les discussions renaissent au sujet d'une rente annuelle de deux charges de blé et de la decouverte par l'Abbaye, dans ses archives, de vieux parchemins établissant certains droits dont elle réclame les arriérés. Une nouvelle transaction intervient encore en 1541. La ville de Lorgues s'engage à planter une vigne au voisinage de l'Abbaye, à l'enclore, et à la travailler pendant trois ans consécutifs jusqu'à son entrée en production afin que les moines puissent récolter sur place les cent quarante charges de vin correspondant à la consommation annuelle du monastère (84 hectolitres). En échange de quoi l' Abbé remet, affranchit et éteint les droits de lods auxquels il pretendait et renonce à la rente annuelle de deux charges de blé.


 

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